Nous vivons un moment historique. Cela peut être effrayant, incertain et même dramatique. Pourtant, l’humanité ressortira victorieuse. Des leçons seront tirées par nos pays et notre monde pour éviter que pareille crise ne se reproduise. Mais c’est aussi à nous de définir le lendemain de cette crise au niveau individuel, relationnel, professionnel, politique car ce virus est en train de changer la donne.
Comme la plupart d'entre vous, nous 4 sommes confinés. En effet, nous sommes arrivés à Nouméa, ma terre, le 14 mars 2020. Alors qu’au départ, il n’y avait aucun cas confirmé de covid19, le gouvernement a pris des mesures préventives pour protéger la population. Le 18 mars, les 2 premiers cas furent ramenés de France par un couple en voyage de noces. Trois jours plus tard, le premier cas local fut confirmé, ce qui mit tout le monde en branle-bas de combat et précipita le confinement pour 15 jours.
La Nouvelle-Calédonie a 100 lits en soins intensifs pour une population de 271 000 personnes. Par conséquent, contenir le virus n’est pas seulement préférable mais obligatoire pour empêcher sa propagation qui pourrait entraîner un débordement des soins intensifs très rapidement. Environ 48 000 personnes sur l’île sont vulnérables, souffrant de maladies chroniques. Dans le cas où 1% des personnes vulnérables venaient à attraper le virus, la pénurie de lits en soins intensifs pourrait atteindre les 400%.
Au milieu du Pacifique, loin de la terre mère en métropole, la Nouvelle-Calédonie dépend généralement de ses voisins l’Australie et la Nouvelle-Zélande pour évacuer des patients en cas de pénurie ou interventions spécifiques (mon grand-père et mon oncle ont été opérés du cœur à Sydney). La difficulté avec cette crise globale est que ces voisins sont maintenant réticents à recevoir des patients calédoniens étant donné qu’ils ont besoin de tous les lits disponibles pour faire face au covid19 chez eux.
Mieux vaut prévenir que guérir. Au vu de l’infrastructure et situation géographique de la Calédonie, vous comprenez maintenant pourquoi nous avons rapidement été mis en confinement sur l’île.
En mesure préventive, les restaurants ont fermé à 18h le 19 mars 2020, le jour de l’anniversaire de Lana, mais nous avons quand même pu célébrer d’y déjeuner une dernière fois.
Le matin, nous avions été à l’aquarium en pensant bien qu’un confinement approchait. Le temps avant le confinement semble maintenant bien frivole et bien loin… pareil pour vous?
L’après-midi, Lana a soufflé ses 5 bougies avec la famille en respectant la distanciation. C’est la dernière fois qu’on a vu tout le monde, en attendant la fin de cette crise.
La veille, nous avions visité ma mère à la maison de retraite et je suis tellement contente qu’on l’ait fait – les visites ont été interdites le lendemain (et pendant notre visite, nous nous sentions observés de nos faits et gestes étant donné qu’on arrivait de voyage ; ils ont confiné ma maman dans sa chambre pendant 5 jours après ça, jusqu’à ce qu’elle soit testée au covid19 avec un résultat négatif).
Le confinement a commencé le 24 mars 2020 à minuit.
Nous survivons, comme vous tous dans cette situation. Certains jours sont meilleurs que d’autres mais plusieurs choses nous font garder le moral.
Tout d’abord, se rapprocher de nos amis, virtuellement bien entendu. On a 9h de décalage avec la France et 15h avec la côte est du Canada/US donc les matinées et soirées sont propices aux appels.
Également, il est facile pendant cette période de se laisser emporter dans le tourbillon des heures et des jours à moins qu’une routine soit en place. Les repas donnent le rythme des journées. Le matin est dédié aux devoirs. Ensuite, nous profitons d’avoir tout ce temps pour faire des choses qu’on aime comme apprendre, lire, regarder des séries, créer, travailler sur soi ou juste procrastiner… le tout en passant du temps de qualité ensemble et sans se marcher sur les pieds.
Enfin, notre sortie quotidienne nous permet de souffler (comme en métropole : pendant 1h, dans un rayon d’1km autour du domicile avec attestation et pièce d’identité en cas de contrôle de police comme il nous est arrivé aujourd’hui). Nous pouvons marcher au bord de mer dans le vent et prétendre que tout est normal… on prend juste une marche. Les filles peuvent courir et brûler leur énergie sans nous rendre chèvre donc c’est tout bénef 😃. Autour de nous, frangipanier, bougainvillier, jasmin, cocotiers – autant de couleurs et de parfums nous rappelant que la vie continue, allégeant un peu la chape de plomb du moment.
En Nouvelle-Calédonie, l’automne vient de commencer le 20 mars mais les températures sont toujours chaudes et le temps ensoleillé, ce qui est très agréable. Les cyclones tournent toujours par contre. Lors de notre arrivée, la côte ouest de l’île dont Nouméa étaient en alerte 1 pour Gretel. Le week-end passé, un autre cyclone de catégorie 5, Harold, passait au nord de l’île et fut dévastateur pour le Vanuatu.
Mais nous sommes extrêmement chanceux d’être ici, au pays, pendant ce moment difficile. Une bonne amie à moi, que je connais depuis ma plus tendre enfance, nous a prêté son appartement qu’elle rénovait pour y déménager en octobre. C’est spacieux et a tout ce qu’il nous faut pendant ce confinement. Il est situé proche des commerces et du bord de mer aussi.
Ici, on dénombre 18 cas de covid19 et c'est stable (pas de nouveau cas recensés en 7 jours). Le confinement a été prolongé d'une semaine jusqu'au 13 avril. Nous espérons pouvoir sortir rapidement du confinement pour retrouver notre liberté de mouvement et pourquoi pas faire du tourisme sur l’île.
Quant à la suite de notre voyage, l’état des choses est précaire et imprévisible et le sera pour un bon moment… Nous étions supposés rejoindre la Polynésie le 28 mars, l’île de Pâques le 31 mars et le Chili le 6 avril. Bien sûr, rien de tout ça n’est arrivé. L'espace aérien est fermé ici et nos vols sont en suspens. Quand le gros de la crise sera passé, nous prendrons les décisions nécessaires quant à la poursuite de notre voyage et où, de façon sécuritaire.
Pour l’instant, nous profitons de chaque jour qui passe en restant à la maison car c’est le seul moyen efficace pour gagner contre ce virus microscopique et insidieux.
Mais n’oublions pas les travailleurs prenant des risques pour nous tous durant cette crise, qu’ils travaillent dans le milieu médical, les supermarchés ou tout autre service essentiel. Leur dévouement est exemplaire et je ne manque pas de les remercier à chaque fois (bien que ce ne soit pas juste de leur ressort d’être là…). Ce sont les vrai(e)s héroïnes et héros de cette pandémie!
La preuve qu'on survit 😃
Restez en santé, restez chez vous!
❤️ Les Elsankari ❤️
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