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Photo du rédacteurCoralie & Salah

Bourail, retour au bercail

Dernière mise à jour : 30 juil. 2021

À 160 km au nord de Nouméa, Bourail est le berceau familial côté maternel. En effet, je fais partie de la 5ème génération de ma famille en Nouvelle-Calédonie. Laissez-moi vous donner quelques détails intimement liés à l'histoire de l'île.


La Nouvelle-Calédonie était un bagne à partir de 1864 (11 ans après la colonisation française). Toutes sortes de prisonniers étaient envoyées par bateau (les prisons françaises étaient surchargées) y compris des prisonniers politiques, nombreux sous le second empire de Napoléon III.

En 1888, mon arrière-arrière-grand-père est venu avec femme et enfants. Il était surveillant de bagne. Son fils, mon arrière-grand-père, Georges-Émile, s'est établi à Bourail (il avait un magasin) et a fondé une famille. Mon grand-père maternel, Lucien Émile, y est né en 1915. Il a eu une vie palpitante entre le Sénégal, la France et la Calédonie. On a beaucoup de chance qu'il nous ait laissé son récit sous forme de livre et donna une copie à ses filles et tous ses petits-enfants.

L'église de Bourail d'un siècle à l'autre


J'étais ado quand j'ai reçu son livre mais l'écriture manuscrite m'était difficile à lire. Quand j'avais 20 ans, j'ai arrêté mes études 1 an et suis retournée en Calédonie (où je suis née et y ai vécu mes 8 premières années). J'ai proposé à mon grand-père de taper son livre sur ordinateur. Il déchiffrait les mots que je ne pouvais pas lire et j'apprenais sur sa vie, en posant toutes les questions qui me venaient. Quand cette aventure fut complétée, j'ai demandé à mon grand-père de se rendre à Bourail ensemble pour qu'il me montre tous ces endroits dont il parle dans son livre. C'est ce que nous avons fait et c'était juste génial! Je sentais qu'il me transmettait son amour pour la ville comme si je voyais sa vie à travers ses yeux. 

Aquarelle de la maison de naissance de mon arrière-grand-mère sur une colline proche de Bourail (extrait du livre de mon grand-père) et photo de la même maison


De retour en 2020, tous les 4 sommes ''coincés'' ici avec le COVID19 donc autant prendre le bon côté des choses et visiter l'île qui a tant à offrir!

C'était impensable pour moi de ne pas aller à Bourail avec Salah et les filles pour leur raconter les histoires de mon grand-père et leur montrer les endroits où il a vécu et qu'il a aimés. Ma tante m'a prêté son livre (le mien est dans une boîte de déménagement) et nous pouvions comparer les photos d'époque avec la réalité d'aujourd'hui. Les filles ont adoré l'expérience et j'espère  qu'elles pourront revenir avec leurs propres enfants et faire la même chose.

Immeuble de mon arrière-grand-père (magasin au rdc, maison à l'étage) dans les années 20


Nous avons passé 3 jours à Bourail et dormi en tribu à 15 km de la ville. Notre chambre était en réalité un container équipé de 2 lits doubles, une commode et une table. Assez rustique avec les toilettes et la douche dehors, avec eau froide seulement. Et ces jours-ci, les températures chutent bien la nuit surtout en montagne où nous étions.

Notre modeste demeure pour 2 nuits


Salah a fait la coutume, en offrant un morceau de tissu et un billet, à notre hôte pour recevoir l'autorisation d'entrer sur leurs terres. C'est une tradition kanak qui doit être faite dès qu'on entre dans une tribu. J'avais déjà vu faire de loin mais jamais vraiment expérimenté et c'était une première pour Salah aussi.

La famille chez qui nous restions était très accueillante et conviviale. Leurs fils nous ont emmené en forêt le lendemain pour voir des plants de caféiers, cacaoyers, manguiers mais aussi de curcuma, des fougères arborescentes et bien d'autres essences de plantes et arbres locaux. On a randonné pieds nus comme nos guides et c'était une sensation très agréable de se sentir connectés avec le sol. Les filles portaient leurs chaussures et ont super bien géré la randonnée, elles n'ont pas perdu leur entraînement!

Nos hôtes

Randonnée dans la Chaîne

Haut: fougères, Bas: cacaoyers et sculpture kanak


Vue imprenable d'en haut


En après-midi, on a fait une autre randonnée dans la rivière sur rochers et cailloux, ce qui était fort inconfortable pour nos pieds inhabitués d'occidentaux. Lana était fatiguée de la balade du matin et n'arrivait pas à avancer sur ce terrain caillouteux donc notre guide l'a portée tout du long. Ça avait l'air super facile pour lui! Naema a marché tout du long, ce qui était une prouesse parce-que vraiment pas évident! Elle s'est baignée à la cascade et nous étions ébahis par les pétroglyphes (dessins gravés dans la roche) en haut de la cascade que notre guide nous a montrés. On a vite dû faire demi-tour par contre pour rentrer avant le coucher de soleil aux environs de 17h15 ces jours-ci.

Rando à la cascade et pétroglyphes, trop facile pour certaines, casse-pieds pour d'autres😃


Le dernier jour, on s'est arrêtés voir le Bonhomme de Bourail, une formation rocheuse en forme de bonhomme Michelin, bordé d'une plage de sable gris. Une passe (interruption de barrière de corail) se situe juste en face et la plage est connue des bodysurfeurs (on y croise quelques requins aventureux aussi parfois). Les filles se sont amusées dans les vagues.

La plage du Bonhomme et de la Roche Percée à Bourail

Sur la plage


Nous sommes aussi allés à la plage de Poé avec son lagon en camaïeu de bleu, et le récif situé à 2km à peine au large. De la plage, on entend le ronflement des vagues se brisant sur le corail, c'est impressionnant.

Le lagon

Le lagon une deuxième fois parce-que c'est trop beau


À proximité de Bourail, nous nous sommes arrêtés au cimetière de l'ANZAC (Corps d'Armée Australienne et Néo-Zélandaise) où sont enterrés 242 soldats néo-zélandais et fidjiens ayant combattu pendant la seconde guerre mondiale.


Bulle d'Histoire: La Nouvelle-Calédonie fut une base arrière importante pour les forces alliées dont les États-Unis entre 1942 et 1944. La plupart des 18000 soldats néo-zélandais de l'ANZAC étaient en réalité stationnés ou situés à Bourail. Donc, naturellement, la région a un cimetière militaire rempli de soldats étrangers tombés pendant le conflit.

Sérénité au cimetière ANZAC


Ceci conclut notre virée à Bourail. Sur le retour, nous nous sommes arrêtés à une distillerie locale pour y acheter de l'huile essentielle de niaouli, un arbre endémique cousin du tea tree et eucalyptus. L'huile calme les piqûres de moustiques, on l'a utilisée pendant 4 ans en Géorgie! On a donc refait le stock.


Coralie

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