28 Novembre au 6 Décembre 2019
Population: 400 000
183 km de Vang Vieng (4h de route)
340 km de Vientiane (7 to 8h de route)
Nous avions tellement entendu de bonnes choses sur cette ville que nous avions presque peur d’être déçus. La vérité est qu’elle a largement dépassé nos attentes…
Mais laissez-moi vous présenter la ville…
Bulle d’histoire : Il y a très longtemps, le Laos (ou Lan Xang – le royaume au million d’éléphants) était composé de 3 royaumes : Luang Prabang (au nord), Vientiane (au centre) et Champassak (au sud). Luang signifie « capitale ». Prabang (ou Phra Bang) est une statue de Bouddha qui a été donnée en 1359 par le Roi Khmer (Cambodge) à son gendre, Fa Ngum, le premier monarque Lao. La ville de Luang Prabang était la capitale du Royaume du Nord.
Cette ville est mystérieuse avec une infinité de temples, de traditions et de mythologies. Elle est aussi dynamique avec ses cafés, ses magasins et son célèbre marché de nuit. Elle est magnétique avec un incroyable décor naturel, une gastronomie fabuleuse (encore !) mais surtout une atmosphère où on se sent bien, qui nous a envoûtés.
Luang Prabang est entourée de montagnes, traversée par la rivière Nam Khan et par le Mékong au nord. C’était très agréable de croiser encore une fois le chemin du Mékong après Vientiane et le delta au Vietnam. Pour la première fois au Laos, nous pouvions voir les eaux en marchant sur les berges. La rivière est beaucoup plus étroite ici (quelques centaines de mètres) qu’à Vientiane (quelques kilomètres de large).
Le Mékong
La Nam Khan
Michel, notre ami rencontré dans le delta du Mékong, nous disait qu’il considérait Luang Prabang comme une ville-musée et en y venant, nous avons très bien compris ce qu’il voulait dire. À chaque coin de rue, on trouvait un temple, un autel ou une stupa (structure qui contient des reliques de Buddha). Nous avons pris le temps d’en visiter pas mal, sans atteindre l’overdose.
Quelques wats et temples
Wat Xieng Thong, magnifique avec sa mosaïque de l'arbre de la vie
Tak bat
Tous les matins entre 5h30 et 6h30, c’est la rituelle quête matinale des offrandes par les moines qui ont renoncé à tous biens matériels et qui ne vivent que de l’aumône. Des tapis en bambou parent les trottoirs autour des temples, pour les processions de moines vêtus de tuniques couleur safran, qui défilent avec leurs paniers en bambou. Ils démontrent ainsi leur vœu de pauvreté et d’humilité tandis que les habitants de la ville méditent sur le thème de la générosité en faisant l’acte de donner (en leur donnant des boulettes de riz gluant).
Ce qui nous a le plus impressionné (à part l’heure à laquelle nous nous sommes réveillés) était l’atmosphère calme et sereine, presque irréelle de la ville avant le lever du soleil.
Lana parle encore de cette rencontre avec les moines ce matin-là.
Contes traditionnels
Nous avions envie d’en savoir un peu plus sur les origines de Luang Prabang et ce spectacle était la parfaite occasion. Un conteur nous a raconté des origines du khenne, un instrument traditionnel laotien, créé par une jeune fille qui voulait imiter le son d’un oiseau qu’elle aimait à tel point qu’elle ne pouvait plus s’en passer. C’est un instrument à vent, avec des anches proches de celles de l’harmonica, qui sonne un peu comme un orgue.
Nous avons aussi appris les origines (mythologiques) du Mont Phu Si. Phu veut dire montagne, Si vient de Si Da, une reine qui a demandé à un de ses sujets de lui ramener une certaine sorte de champignons du Sri Lanka. Après 2 tentatives infructueuses, ce sujet lui a ramené le sommet d’une montagne en lui disant qu’elle finirait bien par y trouver ce qu’elle recherche.
Un incontournable à Luang Prabang est d'aller au sommet du Mont Phu Si au crépuscule pour assister au magnifique coucher de soleil.
Mont Phu Si
Vues depuis le Mont Phu Si
Coucher de soleil
Assez populaire, comme vous pouvez voir
Le centre des arts traditionnels et de l’ethnologie
Nous avons eu ici une bonne perspective des 3 différents groupes ethniques du Laos et des plus de 60 subdivisions : les Lao Thai (63% de la population – vivent sur les plaines), les Lao Theung (vivent en altitude moyenne) et les Lao Soung (qui ont immigré du sud de la Chine et du Tibet – vivent en haute altitude).
Ce musée est très bien documenté et les explications sont très claires. Une belle exposition d’instruments de musique (avec anches en bois type saxophones, ou métalliques type harmonica) montre l’importance de la musique dans la culture laotienne mais aussi l’émergence des différents types selon les groupes ethniques.
Se perdre dans Luang Prabang est un régal avec toutes ses ruelles où se cachent de petits cafés comme l’Utopia qui surplombe la rivière Nam Khan.
C’est également là que nous avons fait du yoga à 7h30, en extérieur sur une terrasse en bois avec vue sur la rivière. C’était un moment très agréable avec des températures parfaites, le soleil levant nous réchauffant doucement, avec en fond des chutes d’eau et le chant du coq… c’est dur la vie ! On vous le dit, ce moment-là va être difficile à battre ;-)
Le marché de nuit
Très fourni comparé à celui Vientiane (où nous avons été déçus par le manque de produits artisanaux), il y a pléthore de produits et la plupart sont faits-main. Des écharpes et jupes traditionnelles aux thés, aimants et porte-clés, on peut trouver tout ce qu’on veut et être sûr que c’est local. Bien sûr, il y a de quoi manger comme partout en Asie : des petites crêpes à la noix de coco, pancakes à la banane et jus de fruits frais. Trop beau pour être vrai.
Ce qui a nous a frappé fut le nombre de bébés et enfants qui sont avec leurs parents, travaillant sur le marché. Chaque soir, au lieu de regarder la TV ou de rester à la maison, ils suivent leurs parents. Nous avons vu un enfant de 18 mois environ, prêt à explorer les lieux alors que sa mère travaillait, elle devait courir le récupérer alors qu’il s’éloignait vers un parking à scooters. Nous avons même vu une fille de 6 ou 7 ans qui portait son petit frère sur le dos pour aider sa mère. Tout cela aura été une piqûre de rappel sur la condition des enfants au Laos et à quel point nous sommes privilégiés en Occident.
Nous sommes passés à travers la garde-robe de Naema et Lana pour donner certains habits à une dame que l’on a croisée à plusieurs reprises, présente sur le marché avec ses 2 filles de 6 et 8 ans.
Aider la communauté
Le Laos est un des 45 pays les plus pauvres au monde. Aujourd'hui encore, beaucoup de villages n'ont ni eau courante ni système sanitaire. L'éducation est encore fragile à cause du manque de ressources et de professeurs dans les zones éloignées. En arrivant au Laos nous nous sommes vite rendus compte que les gens font beaucoup avec peu de moyens.
Plusieurs ONGs et initiatives humanitaires sont en place à travers le pays pour aider à améliorer les conditions de vie des Laotiens. Elles sont très bien représentées à Luang Prabang et les touristes sont ainsi invités à donner et/ou contribuer, ce qui va directement aux gens dans le besoin.
Bibliothèque
Les filles ont toujours soif de lecture, nous sommes donc souvent à la recherche de librairie ou bibliothèque où elles peuvent lire quelques bouquins. Nous avons été dans la bibilothèque de la rue principale.
Le but premier de cette bibliothèque est de récolter de l’argent et des livres pour les distribuer aux écoles éloignées (qui manquent cruellement de ressources).
Les touristes et visiteurs sont donc invités à acheter des livres scolaires (pour 20,000 kips, 2€) qui seront ensuite distribués dans les villages avec un « biblio tuk tuk » ou « biblio bateau ».
Il est aussi possible de faire don de ses vieux livres ou de les échanger contre un livre de leur collection en faisant une modeste donation de 20,000 kips. http://www.lao-kids.org/lp-library.php
Croix Rouge
Une bonne initiative pour récolter de l’argent pour cette ONG : des massages. Les profits sont directement distribués aux villages les plus pauvres du Laos. Salah en a profité pour soulager ses épaules et son dos, assez tendus après tout ce portage de sac à dos.
Big Brother Mouse
Une association qui promeut la lecture et encourage les visiteurs et étrangers à venir parler anglais avec des Laotiens. Chaque jour, entre 9h et midi et 17h et 19h, ils groupent volontaires anglophones et Laotiens dans leurs locaux. Le matériel requis est minimal : juste des chaises… et ça fait toute la différence ! En parlant anglais, les Laotiens peuvent ensuite travailler dans l’industrie touristique, sûrement la principale industrie à Luang Prabang, et s’ouvrir sur le monde. Pendant que Salah se faisait masser, j’y suis allée avec les filles et j'ai discuté avec une jeune fille de 24 ans, enseignante à l’école sœur Big Sister Mouse (située dans un village à 20 minutes de Luang Prabang). Je lui ai posé des questions sur la culture, sa classe et ses élèves et j’ai appris beaucoup pendant que les filles lisaient des livres… en laotien. 😉
VolunTours
Nathalie, une amie Laotienne de Montréal, m’a mise en contact avec le cousin de sa meilleure amie qui a grandi aux US avant de retourner au Laos il y a 10 ans. Nous avons rencontré Song et sa femme la veille de notre départ et avons passé un excellent moment en leur compagnie. Il a partagé ses perspectives sur le pays, sa culture et ses besoins. Mais avant de parler de tout ça, il nous a un peu raconté son histoire. Jusqu’à ses 5 ans, il vivait à Luang Prabang dans une maison en bois, face au Mékong, maintenant le café où nous avons déjeuné. Comme beaucoup, sa famille a fui le pays dans les années 70 et lui et ses parents ont fini dans le Wisconsin, alors que certains membres de sa famille sont allés à Montréal. Jeune adulte, il est revenu au Laos et a décidé de s’y établir il y a une dizaine d’années. Song et sa femme ont fondé VolunTours, une entreprise qui vise à aider au développement des villages autour de Luang Prabang. Ils nous ont expliqué leur philosophie : en premier lieu, amener l’eau courante, ensuite s’occuper d’améliorer les normes sanitaires et enfin développer l’éducation. L’entreprise fonctionne grâce aux dons et au travail de volontaires mais la construction des villages est faite par les habitants eux-même afin de les impliquer, les engager et transmettre le savoir faire.
Quand nous sommes partis, nous espérions juste rester un peu plus longtemps pour avoir la chance d’aller avec lui dans ces villages. Mais quelque chose nous dit que ce n’est sûrement pas notre dernière fois à Luang Prabang (pour vous dire combien on a aimé).
Pour plus d’informations, vous pouvez consulter leur site web: http://www.voluntourlaos.com
Cascades Kuang Si
Une autre cause qui est portée à l’attention des touristes sur la route des cascades Kuang Si – un centre de secours pour les ours noirs asiatiques (appelés aussi ours du Tibet) sauvés du commerce sauvage. Ils sont capturés pour leur vésicule biliaire, principal ingrédient dans le traitement du foie en médecine asiatique. Le braconnage est illégal mais l’élevage d’ours est légal tant que les ours sont nés en captivité. Les ours que nous avons vu ont été sauvés du braconnage.
En continuant notre route, nous arrivons donc vers les cascades. Quel spectacle ! Bien que nous ayons vu des chutes lors de nos voyages, celles-ci sont incomparables ! La couleur menthe à l'eau est absolument époustouflante et les cascades réparties sur plusieurs étages ont un effet enchanteur.
Nous avons grimpé jusqu’au sommet et avons trouvé un coin très calme avec piscine naturelle et balançoire. Nous y sommes restés un petit moment vu que les filles voulaient essayer. J’y suis allée avec elles.
Après la balançoire, nous sommes redescendus et avons nagé (un court moment) dans l'eau qui était plus fraiche que la piscine. Nous avons pris les filles sur le dos pour les emmener sous la chute d’eau. L’eau était gelée et mes muscles commençaient à se tétaniser en revenant mais nous sommes arrivés à bon port. La température extérieure était agréable et nous nous sommes réchauffés très vite. Nous sommes ensuite revenus à notre van et repartis en direction de Luang Prabang. Naema a été malade à l’aller mais tout s’est bien passé sur le chemin du retour malgré la conduite dingue du chauffeur.
Coté gastronomie
On s’est régalé à Luang Prabang. Notre restaurant préféré était le Phonheuang et nous y sommes revenus 3 fois… leurs rouleaux de printemps frits et le curry au paneng était délicieux. C’est encore meilleur avec du riz gluant, riche en gluten que les Laotiens roulent en petites boules pour manger avec tout. Un dessert populaire est la mangue accompagnée de riz gluant à la noix de coco que nous avons essayé partout où nous pouvions (le meilleur reste celui de Nong Khiaw). Sur le marché, nous avons eu plusieurs fois des crêpes au Nutella mais celles-ci étaient plutôt grasses à notre goût.
Luang Prabang a été notre coup-de-cœur au Laos. Nous nous sentions juste bien ici. Nous avons même décidé d’y rester un peu plus longtemps à notre retour de Nong Khiaw. Nous aimerions y retourner, comme cette Suédoise de 85 ans que nous avons rencontré et qui y revient chaque année pour 6 semaines. Elle va religieusement tous les jours au Big Brother Mouse pour discuter avec les jeunnes Laotiens qui veulent exercer leur anglais… Notre séjour à Luang Prabang nous a bien fait réfléchir sur le fait de voyager de manière responsable, de donner (pas forcément de l’argent), mais aussi d'apprécier ce qu'on a.
Coralie & Salah
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